La boxe* et l'endurance musculaire spécifique

Christophe FRANCK - 2016-05-13

*Boxe quelque soit sa forme (anglaise, pieds-poings) mais également sports de combat.

Les périodisations de développement des qualités sportives sont des phases de travail placées successivement dans le temps, dont le point final est le combat ou le tournoi majeur. Sur le plan de la préparation physique, ces périodes sont destinées à « construire » les qualités musculaires et énergétiques nécessaires pour la suivante jusqu’à l’atteinte du sommet de forme le jour J. Ce jour-là, il faudra être capable de réaliser le plus souvent possible des gestes techniques avec précision et puissance. Le travail d’amélioration de la coordination, de l’endurance et de la puissance est souvent réalisé correctement. En revanche le développement de l’endurance musculaire spécifique est parfois mal négocié.

L'endurance musculaire spécifique ? c'est quoi

Alors que la période de préparation générale permet le développement et l’harmonisation des qualités générales - utiles à la performance mais aussi celles de soutien -, la période de préparation orientée (ou spécifique) s’attache à développer les qualités neuromusculaires et cardiovasculaires plus spécifiques à la discipline, en adéquation avec les points forts du boxeur. 

Lors de la période suivante, la phase précompétitive, il va être capital de faire converger les qualités améliorées précédemment vers les types d’efforts requis par l’activité, sur le plan des groupes musculaires sollicités, de la vitesse des mouvements, ainsi que des temps d’effort et de récupération.

Cette répétition de mouvements singuliers aux sports de combat peut être nommée endurance musculaire spécifique.

On peut la comparer au fil qui permet de créer un collier. Sans lui, aussi belles soient les perles, on n’aura pas un bijou…

Un élément important : la boxe n’est pas le vélo

Les formes d'enduance sont vaiées : la boxe possède sa spécificitéLes sports de combat ont une caractéristique : ils utilisent des séquences acycliques. Chaque enchainement est différent du suivant, dans la forme et dans le nombre de coups qui le compose, ainsi que dans le temps qui les sépare. On peut classer les sports de combat comme une activité aux efforts intermittents acycliques « courts – courts ». De plus, les actions demandent une grande puissance musculaire et une sollicitation nerveuse importante.
Ne pas développer l’endurance musculaire spécifique, c’est risquer, si le combat est long et/ou très intense, de voir le boxeur se contracter et perdre de la vitesse et de la précision. Les muscles s’asphyxient localement et c’est tout l’organisme qui peut virer dans le rouge.

Pourquoi ? Parce que les exercices d’entrainement ne correspondent pas réellement aux situations de compétition.

Pourtant des séances en efforts intermittents au sac et de sparring auront peut-être été réalisées. Pour les exercices « fractionné sac », l’erreur se situe dans le côté cyclique des alternances : 5sec/5sec, 10sec/10sec, 5sec/15sec, etc. Les combattants ne sont pas soumis à une tension nerveuse intense. Ils intègrent et anticipent ce timing répétitif. Souvent les coups ne partent pas immédiatement au « bip » du chronomètre et s’arrêtent un peu avant ou après. Si en plus c’est le même enchainement qui est réitéré, l’exercice n’est plus du tout spécifique…
Pour les exercices en situation d’opposition, le piège peut également se situer dans le fait de croire que le combattant va se livrer totalement.

Or, c’est rarement le cas. Chacun a tendance à adapter son rythme au partenaire. Là encore il n’y a pas les tensions neuromusculaires, les apnées, les changements de rythmes que l’on va retrouver dans le combat réel.

Comment travailler l’endurance musculaire spécifique

Pour développer l’endurance musculaire spécifique il faut répéter des enchainements intenses et variés, de 1 à 5 coups environ, entrecoupés de temps de récupération semi-actifs de 1 à 5 secondes. L’intérêt est de mettre le boxeur « sous tension nerveuse » en faisant en sorte qu’il réagisse à un signal aléatoire et non plus cyclique. Ces enchainements sont répétés sous forme de blocs correspondant au temps et à la durée des reprises disputées en compétition.

A chaque période son travail. Celle concernant le développement de l’endurance musculaire spécifique se fera progressivement à partir de la fin de la période préparatoire pour devenir prioritaire lors de la période précompétitive et compétitive.

1er exercice proposé par E-SPORTING-COACH : utilisation du fichier mp3 « Audio fractionné boxe 5 reprises - E-Sporting-Coach ». Ce fichier audio (mp3) est destiné à reproduire les alternances d’efforts et de récupération d’un combat de boxe. Le boxeur travaille pendant la sonnerie, récupère pendant les silences. Ces temps sont compris entre 1 et 5 secondes et sont placés aléatoirement (bip 2 sec. – silence 4 sec. – bip 1 sec. – silence 2 sec...) Le boxeur ne sait donc pas quand et combien de temps dure la séquence. Il doit donc déclencher et stopper ses attaques avec une vitesse de réaction et d’action très élevée. Ce fichier peut être utilisé au sac de frappe mais également en situation d’opposition.
Le point criticable de cette méthode peut être le type de signal déclencheur. Il est sonore et non visuel comme dans presque tous les exercices de ce type. Néanmoins les sollicitations neuromusculaires et physiologiques s'approchent de celles du combat.

Trois fichiers de cinq reprises sont disponibles en téléchargement dans l'ESC Store : efforts 2mn – récup 1mn / efforts 3mn – récup 1mn / efforts 3mn – récup 1mn30

2e exercice proposé par E-Sporting-Coach : la leçon individuelle aux pattes d’ours donnée par l’entraineur. Ce type d’entrainement est formidable car il permet de solliciter le boxeur avec des combinaisons techniques complètement spécifiques, en utilisant des visuels et non plus des signaux sonores. De plus c’est l’entraineur qui module la forme et le rythme de répétition des enchainements. Il faut par exemple demander un coup puissant, un enchainement de trois coups rapides, un suivant en puissance, puis une esquive et deux coups, etc. L’entraineur pourra presser l’élève ou au contraire le placer plutôt dans une situation d’attaquant. Evidemment, il faut avoir précédemment travaillé à la leçon dans une optique d’apprentissage technique et d’automatisation des séquences désirées.

3e exercice proposé par E-Sporting-Coach : la situation d’opposition à thème. L’exercice peut se faire soit sur X reprises de 2 ou 3mn avec un nombre minimum d’attaques imposées, soit en suivant les signaux du fichier audio « Audio fractionné boxe 5 reprises - E-Sporting-Coach ». L’objectif est de placer le boxeur en situation de « danger », en l’obligeant à développer des attaques alors que le partenaire doit contrer ou contre-attaquer. Il faut varier les attaques (poings, pieds, poings – pieds, poings – fouettés bas ou low kick, etc.), et les contre-attaques. La fiche « Boxe endurance spécifique » donnent quelques situations possibles ( téléchargez la séance Boxe endurance spécifique en format PDF).
Séance endurance boxe spécifique by E-SPORTING-COACH