La préparation physique au service des performances 

Christophe FRANCK - 2016-01-24

La préparation physique est la composante de l'entraînement qui permet de développer les qualités physiques du sportif pour les mettre au service de la discipline pratiquée. Son objectif est d'optimiser la motricité spécifique nécessaire pour la discipline. Elle englobe les domaines de l'optimisation de la performance mais aussi de la récupération et de prévention des blessures.

✅ Pour être estimée comme une réelle préparation physique (pas seulement limitée à une préparation physique générale ou PPG) et non un programme de remise en forme, une succession de séances d’entrainement doit respecter quatre points : être spécifique, individualisée, périodisée et articulée avec des séances techniques et tactiques d’un sport particulier.

Les domaines d'intervention de la préparation physique

Le développement des moyens physiques de l'athlète, autour de la dimension technico-tactique, contribue à la performance sportive à partir du moment où :

Individualiser une préparation, c'est répondre à une évidence. L'individualisation concerne l'athlète et son objectif. Son âge et sa maturité, ses qualités et capacités propres, son niveau d'expérience, sa discipline et son objectif. Les domaines d'interventions en préparation physique sont ceux qui traitent :

  • Les qualités énergétiques : elles concernent le traitement du métabolisme du sportif et le développement des filières spécifiques à l'épreuve sportive.
    • Aérobie
    • Anaérobie lactique
    • Anaérobie alactique
  • Les qualités musculaires : elles concernent le renforcement des groupes musculaires utilisés lors de la tâche sportive, en fonction du type de force nécessaire et donc du régime de contraction.
    • Force maximale
    • Force vitesse
    • Force endurance
  • Les qualités motrices : la spécificité d'une discipline sportive rend obligatoire la prise en compte et l'intégration des coordinations et habiletés motrices dans le travail de la préparation physique.
    • Habiletés techniques
    • Coordination motrice
    • Amplitude articulo-musculaire
  • La prévention des blessures (prophylaxie) et de la réathlétisation après blessure : la pratique sportive compétitive et l'entraînement axé vers la performance peuvent engendrer des blessures ou traumatismes physiques. Un travail de prévention, de récupération, ou de réathlétisation doit être mis en place par le préparateur physique aidé par un kinésithérapeute.
    • Proprioception
    • Gainage articulaire
    • Rééquilibrage et étirements musculaires
  • La planification : les ressources à développer sont nombreuses et répondent à une logique d'articulation de périodes de traitement. La dynamique des charges d'entraînement doit être planifiée et programmée, pour répondre avec efficacité aux exigences de l'épreuve, être adaptée au niveau du sportif et maintenir un niveau de performance sur la saison entière dans le cas de disciplines à compétitions répétées hebdomadairement.

Les étapes de la préparation physique (selon Michel Pradet - INSEP)

  • La préparation physique générale (PPG) :
    • Quand : lors d'une orientation sportive préparatoire générale (ou extensive)
    • Objectif : développement et harmonisation des qualités physiques générales - Élimination des points faibles
  • La préparation physique orientée ou auxiliaire (PPO) :
    • Quand : lors d'une orientation sportive préparatoire spécifique (ou intensive)
    • Objectif : développement des qualités spécifiques à la discipline en fonction des choix technico-tactiques et de l'individu - Amélioration des points forts
  • La préparation physique spécifique (PPS) :
    • Quand : lors d'une orientation sportive pré-compétitive ou compétitive
    • Objectif : exploitation du potentiel acquis au service de la discipline - Recherche de l'état de condition physique absolu

Une préparation physique est propre à une discipline. Dès le début de la préparation, même celle dite foncière, les efforts (chaines musculaires, type de contraction, coordination, énergétique, etc.) doivent viser la spécificité et la qualité, pour aller vers une notion de « quantité de qualité aux justes contours de l'épreuve » (Frédéric Aubert(1)). Le travail des qualités énergétiques et musculaires servira à étayer la préparation pour qu'elle ne devienne pas bancale.

(1) Enseignant formateur à l’INSEP en méthodologie de l’entraînement et préparation au professorat de sport – professeur agrégé d’EPS.(Ex préparateur physique de l’équipe de rugby professionnel du Stade Français, du XV tricolore pour la Coupe du Monde de rugby en 2003, de  l'équipe nationale de badminton, de l’équipe de France féminine de basket-ball ainsi que du Centre Fédéral de Formation en basket-ball).

J'adhère complètement à ce principe de travail qualitatif dès le début de la préparation. Dans tous les sports, le préparateur physique sera gagnant en programmant sa préparation autour des qualités « faisant la différence ». Il ne sert à rien de faire de la préparation physique générale si elle n'est pas orientée vers l'épreuve visée. En revanche, cela ne veut pas dire qu'il faille placer des exercices explosifs à intensité maximale dès le début de la préparation. L'organisme et les fibres musculaires ne sont pas prêts. Il faut considérer l'entrainement comme un système où toutes ses composantes (technique, tactique, génétique, mental, physique...) sont interfacées. Il faut faire de la qualité mais de façon pondérée en fonction de la période et de l'individu.

L'organisation de la préparation physique (Frédéric Aubert)

  • Préparation physique dissociée :
    • Organisation : les séances physiques et techniques sont séparées pour utiliser des exercices physiques paramétrés et programmés
    • Quand : de la reprise d'entrainement à la fin de la période de développement des qualités physiques visées (préparatoire et spécifique)
  • Préparation physique associée :
    • Organisation : le temps et les charges de travail physique et technique s'alternent dans la séance, avec comme objectif d'étayer la performance par des exercices ciblant une qualité physique
    • Quand : période de maintien du potentiel ne nécessitant que des rappels de charge (précompétitive)
  • Préparation physique intégrée :
    • Organisation : la dimension physique est intégrée dans la pratique spécifique de la discipline. Ce n'est pas réellement une préparation physique méthodologique mais une utilisation des qualités physiques
    • Quand : période d'affûtage et compétition lorsque la priorité absolue est donnée à la dimension technico-tactique (compétitive)

Chaque type de préparation présente des avantages et inconvénients :

  • Plus ou moins grande facilité à cibler une filière particulière et à calculer la charge d'entraînement désirée ;
  • Rapidité de transfert du développement d'une qualité vers un geste spécifique ;
  • Disponibilité des athlètes et infrastructures ;
  • Etc.
La préparation physique spécifique réalisée dans la pratique de l'activité in-situ, la préparation physique intégrée, ne répond pas forcément à l'amélioration des qualités nécessaires à la discipline sportive. Comme le dit Frédéric Aubert « On ne se prépare pas A en faisant COMME ». Cette expression n'est peut être pas tout à fait exacte si les exercices utilisés dans le cadre de l'activité peuvent être quantifiés (comme avec les systèmes GPS). Dans ce cas, et dans ce cas seulement, la charge peut être précisemment calculée et le terme de préparation physique reprend son sens.