Quels entrainements pour améliorer la coordination motrice

Christophe FRANCK - 2016-02-02

En sport, la coordination motrice permet au sportif de maîtriser des actions dans des situations prévisibles (stéréotypes) ou imprévisibles (adaptation), de les exécuter de façon économique ainsi que d'apprendre rapidement de nouveaux gestes sportifs (Frey et Hirtz, cités par Weineck, 1997).
Le guidage et la régulation des gestes font appel aux facteurs psychomoteurs liés à l'apprentissage moteur et aux qualités physiques comme la force, la vitesse , la souplesse et l'endurance. On ne peut pas considérer le développement de la coordination comme une fin en soi, mais plutôt comme la base, indispensable à la performance, de l'entraînement spécifique d'une discipline sportive.

Coordination, habileté et adresse

La coordination motrice est la capacité à réaliser un geste précis et intentionnel, avec vitesse (rapidité d'exécution), efficacité (le but est atteint) et fiabilité (taux de reproduction élevée), grâce à l'action conjuguée du système nerveux central et de la musculature squelettique. Le développement de la coordination permet de s'adapter à des conditions changeantes et d'apprendre de nouvelles possibilités de résolution.

Sous le terme de coordination sont regroupés les concepts d'habileté motrice, d'adresse et de technique.

Les périodes privilégiées du développement des facultés de coordination

Il est difficile de borner les périodes d'orientation de la coordination par des âges précis car de grandes différences existent entre chaque enfants et adolescents. Les filles et garçons n'ont pas leur puberté au même âge, et au sein même des populations masculines ou féminines, il existe des différences de maturité. Il semble donc plus juste de classer les jeunes suivant leur maturité individuelle.
Le développement des facultés de coordination doit débuter très tôt dans l'enfance, puisque c'est avant 10 ans qu'on note l'acquisition d'une multitude d'habiletés motrices et gestuelles.

  • Avant 10 ans il faut stimuler l'enfant par un grand nombre d'exercices moteurs divers et variés pour qu'il capitalise un maximum de schémas de programmations motrices générales.
  • De 10 ans à la puberté, le geste et la précision s'affinant, la stimulation devra être effectuée par des apprentissages axés sur des habiletés fermées, c'est-à-dire comportant peu d'incertitudes, et en répétant les gestes dans des situations variées). C'est la période de l'orientation sportive mais dans une optique pluridisciplinaire.
  • Pendant la période pubertaire, les changements de taille et de poids modifient et perturbent la coordination. Il faut donc chercher à maintenir les acquis précédents et à spécialiser le jeune vers des techniques spécifiques.
  • Après cette période, les dimensions corporelles ayant atteint un équilibre et les qualités physiques telles que la force ayant augmentées, l'entraînement pourra devenir spécifique et tendre vers le perfectionnement.

La coordination générale et la coordination spécifique

La coordination s'apprend en réalisant des actions psychomotrices diversifiéesLa coordination générale correspond à toutes les actions psychomotrices non spécifiques, c'est-à-dire hors forme de production gestuelle destinée à réaliser un objectif précis et réglementé dans une discipline. L'apprentissage et l'entraînement doivent faire en sorte que le nombre de schémas de programmations motrices générales soit le plus élevé possible pour faciliter ensuite l'intégration de schémas spécifiques à une activité sportive. Des "copies" de programmes, déposés dans les couches profondes du système nerveux central, vont être enrichies et perfectionnées par de nouveaux enseignements et permettront de constituer les fondements de futurs mouvements coordonnés.
La vitesse d'acquisition de nouvelles habiletés : l'acquisition d'un mouvement nouveau se basera sur le répertoire d'anciennes coordinations possédées par le sportif. Plus ce répertoire sera conséquent, plus rapide sera l'acquisition d'un nouveau mouvement et plus le temps à consacrer aux autres secteurs sera important.

Les facteurs influents de la coordination

Les facteurs d'exécution et de régulation intervenant dans la coordination motrice sont liés aux qualités psychomotrices et physiques.

Les qualités psychomotrices

Il s'agit des qualités sur lesquelles l'apprentissage moteur va intervenir. Il vise la forme de production gestuelle précise et intentionnelle à partir d'une boucle "action - retour d'informations - rétroaction" ou feedback.
Dans le domaine sportif on peut classer l'ensemble des procédés et des méthodes d'apprentissage dans la technique. En s'appuyant sur la boucle rétroactive l'apprenant va :

  • Analyser un objectif désiré, un modèle d'actions, et le résultat de ces actions ;
  • Affiner le modèle de référence pour produire les actions exigées destinées à accomplir l'objectif désiré.

La production gestuelle va être dépendante des conditions suivantes :

  • Les conditions d'orientation : elles permettent d'adapter son propre comportement moteur aux modifications spatiales environnantes ;
  • Les conditions de différentiation : elles permettent de nuancer et d'adapter des forces de mouvement sur une partie de la musculature alors que d'autres parties sont aussi en mouvements ;
  • Les conditions d'équilibre : elles permettent a un corps de maintenir une position ou d'y revenir s'il en est écarté ;
  • Les conditions de rythme : elles permettent de réaliser un mouvement cadencé de façon dynamique ;
  • Les conditions de réaction : permettent l'analyse d'une situation et de la mise en oeuvre d'une réponse adaptée dans un très bref délai.

On peut ajouter les conditions de réajustement qui permettent de transformer l’action motrice en cours pour s’adapter à une situation nouvelle ou la continuer sous une forme nouvelle. Elles nécessitent de développer les capacités de réaction et d’anticipation.

Les qualités physiques

Il s'agit des qualités faisant intervenir les fonctions cardio-respiratoires et musculaires.

  • La vitesse et la force : plus particulièrement la vitesse gestuelle et la capacité de coordination intermusculaire (couple agoniste - antagoniste). Les facteurs neuromusculaires permettent à l'agoniste de produire la plus grande vitesse possible alors que l'antagoniste se relâche.
  • La souplesse : l'absence d'un freinage occasionné par une résistance parasite au contrôle d'un mouvement permet une réalisation avec une grande amplitude articulaire.
  • L'endurance : elle permet de pouvoir répéter une action motrice avec maîtrise et fiabilité.

Les méthodes de développement de la coordination

Les qualités de coordination ne peuvent être développées ou améliorées que par la répétition d'exercices nécessitant une grande contribution coordinative.

  • Des exercices nouveaux, plus ou moins difficiles, demandant une adaptation de réalisation ;
  • Des situations motrices simples connues amplifiées en difficulté ;
  • Des exercices diminuant le temps d'exécution des actions ;
  • Des situations modifiant les contraintes externes à l'action.

L'orientation de développement par les qualités psychomotrices

Répétition des actions motrices en modifiant les contraintes temporelles :

  • Augmentation du rythme d'exécution des actions ;
  • Diminution du temps d'apparition des signaux déclencheurs de la réaction.

Répétitions d'actions motrices en modifiant les contraintes externes à celles-ci :

  • Contraintes d'orientation spatiale par modification des repères associés à la perception (distances, dimensions de zones de jeu), réalisation de gestes connus dans des positions différentes, modification de la taille des cibles ;
  • Contraintes d'équilibre : réalisation de gestes connus dans des positions en déséquilibre ;
  • Contraintes de variation de nature d'opposition : modification de la charge (allègement ou alourdissement), modification de la complexité (actions favorisantes ou entravantes).

Complexification des réalisations d'actions :

  • Réalisation de plusieurs actions motrices maîtrisées de façon simultanées (différentiation) ;
  • Exécution d'actions avec les membres opposés à ceux utilisés habituellement (latéralisation).

Modifications du degré d'incertitude des situations auxquelles le sportif sera confronté l'obligeant à se réadapter :

  • Passage d'habiletés fermées (il n'y a pas d'incertitude) vers des habiletés ouvertes (les modifications de motricité sont permanentes).

L'orientation de développement par les qualités physiques

Développement de la force. Les adaptations neuromusculaires spécifiques permettant la coordination intermusculaire, et plus particulièrement celle du couple agoniste - antagoniste, seront réalisées grâce à des mouvements avec charges lourdes (> 80% 1RM) suivis de mouvements spécifiques. Par exemple en boxe, 3 répétitions en développé couché en prise large suivies d'enchaînements à vitesse maximale en crochets.
Toujours en rapport avec la force et la contraction musculaire, dans le but de complexifier ou de faciliter les exercices, une variation de la charge opposée (alourdissement ou allègement) sera proposée pour favoriser ou entraver le mouvement. La variation doit rester dans des proportions raisonnables (5-10%) pour ne pas dégrader le geste et l'exécution doit être réalisée à vitesse maximale.
Développement de la vitesse. L'augmentation de la vitesse d'exécution d'une action est positive pour l'amélioration de la coordination. Il est possible de jouer sur la vitesse gestuelle, c'est-à-dire diminuer le temps accordé à l'exécution de la tâche, où sur la fréquence gestuelle en répétant la tâche le plus grand nombre de fois possible dans un laps de temps défini.
Développement de la souplesse : les deux critères permettant d'améliorer la coordination en ce qui concerne la souplesse sont l'amplitude articulaire et le relâchement de l'antagoniste. Le développement passera donc par toutes les formes d'exercices passifs ou actifs, dynamiques ou statiques, généraux ou spécifiques.
Développement de l' endurance. Le développement général de l'endurance permet d'influencer positivement la coordination en permettant un meilleur taux de reproduction du geste efficace. L'automatisation des gestes est aussi une voie d'économie énergétique car réaliser un geste sans contrôle de la volonté est plus économique que dans le cas contraire. La méthode adaptée pour le développement de l'automatisation des gestes est la répétition.